L’élevage de Dobermann avec oreilles coupées

L’élevage du Dobermann avec des oreilles coupées, également appelé « découpe des oreilles », est un sujet qui soulève de nombreuses préoccupations éthiques, légales et de bien-être animal. Bien que cette pratique ait été courante dans certains pays, elle fait aujourd’hui l’objet de débats passionnés, notamment en raison des risques sanitaires pour les animaux, de l’évolution des mentalités et des changements dans la législation sur la protection des animaux.

Cet article a pour but d’explorer en détail l’élevage de Dobermann avec des oreilles coupées, en analysant son histoire, ses implications, les arguments pour et contre cette pratique, ainsi que les lois actuelles entourant cette question.

1. Historique de la coupe des oreilles chez le Dobermann

Le Dobermann, une race de chien originaire d’Allemagne, a été développée à la fin du 19e siècle par un douanier et éleveur, Karl Friedrich Louis Dobermann. Ce chien a été conçu pour être un chien de travail polyvalent, avec un instinct de protection et une grande agilité. Initialement, le Dobermann a été élevé pour servir de chien de garde, de chien de police, et même de chien de guerre.

La coupe des oreilles et la découpe de la queue étaient pratiquées principalement pour des raisons fonctionnelles et esthétiques. Historiquement, on pensait que couper les oreilles du Dobermann rendait l’animal plus intimidant, une caractéristique particulièrement recherchée pour un chien de garde. L’idée était également d’éviter les infections de l’oreille et d’améliorer l’audition, bien que cela n’ait jamais été prouvé scientifiquement.

Au fil des années, ces pratiques se sont inscrites dans des traditions d’élevage, renforcées par des concours canins qui favorisaient l’apparence physique du chien plutôt que ses besoins naturels.

2. La pratique actuelle et les lois en vigueur

Aujourd’hui, la coupe des oreilles est devenue un sujet controversé dans de nombreux pays. De plus en plus de voix s’élèvent pour dénoncer cette pratique, au nom du bien-être animal. Alors que cette procédure reste autorisée dans certains pays, d’autres l’ont interdite.

Pays où la coupe des oreilles est encore légale

Dans certains pays, comme les États-Unis, la coupe des oreilles chez les Dobermanns peut encore être pratiquée légalement, bien que cela varie d’un état à l’autre. Dans ces régions, l’élevage de chiens avec des oreilles coupées reste relativement courant, et cette procédure est parfois vue comme une tradition ou une norme de la race.

Pays ayant interdit la coupe des oreilles

En revanche, de nombreux pays européens et d’autres pays développés ont légiféré contre cette pratique. Par exemple :

  • La France a interdit la coupe des oreilles chez les chiens de manière non médicale depuis 2004. Cette législation fait partie d’un effort plus large visant à protéger le bien-être des animaux et à interdire les pratiques considérées comme cruelles ou inutiles.
  • Le Royaume-Uni a interdit cette procédure depuis 2006, en stipulant que seuls des motifs médicaux justifiant une intervention chirurgicale (tels que des infections graves ou des traumatismes) peuvent permettre la coupe des oreilles chez les chiens.
  • L’Australie, l’Allemagne, les Pays-Bas, et d’autres pays ont également adopté des lois similaires, interdisant la coupe des oreilles à des fins esthétiques.

Ces lois sont souvent soutenues par des organisations de protection animale et par des vétérinaires, qui soulignent les dangers et les traumatismes associés à cette pratique.

3. Les conséquences de la coupe des oreilles

Risques physiques et santé de l’animal

La coupe des oreilles, pratiquée sous anesthésie générale, est une chirurgie qui peut entraîner des complications. Les risques incluent :

  • Infections : La coupe des oreilles expose les chiens à des infections postopératoires, car la peau coupée est plus susceptible de développer des bactéries, surtout si les soins après l’opération ne sont pas bien effectués.
  • Douleur et traumatisme : Bien que les chiens soient sous anesthésie pendant l’opération, la douleur post-chirurgicale peut être importante. En outre, la procédure peut causer un traumatisme émotionnel en raison de l’amputation de l’oreille, qui est un organe sensible.
  • Problèmes de cicatrisation : Les oreilles coupées peuvent mal cicatriser, entraînant des irrégularités visibles et parfois des kystes ou des plaies ouvertes qui nécessitent des soins médicaux supplémentaires.
  • Problèmes comportementaux : Certains défenseurs des animaux soulignent que cette procédure peut affecter le comportement du chien, notamment en réduisant sa capacité à communiquer de manière appropriée avec ses congénères. Les oreilles jouent un rôle dans la communication canin, et les couper pourrait nuire à cette capacité.
Conséquences sociales et éthiques

L’une des principales préoccupations concernant la coupe des oreilles est l’impact sur le bien-être psychologique de l’animal. Un chien de travail, comme le Dobermann, qui perd ses oreilles, pourrait souffrir de stress, d’anxiété et d’une baisse de qualité de vie en raison de l’intervention chirurgicale inutile.

En outre, des études ont montré que certains chiens subissent des problèmes comportementaux liés à des pratiques esthétiques comme la coupe des oreilles, la coupe de la queue ou la stérilisation précoce, car ils sont traités comme des objets ou des accessoires, et non comme des animaux vivants.

4. Arguments pour et contre la coupe des oreilles

Arguments en faveur de la coupe des oreilles

Les partisans de la coupe des oreilles pour les Dobermanns avancent plusieurs arguments, bien que ceux-ci soient de plus en plus critiqués par les défenseurs des droits des animaux :

  • Esthétique et standard de race : De nombreux éleveurs et propriétaires affirment que la coupe des oreilles est essentielle pour respecter les standards de la race Dobermann, souvent imposés dans les compétitions canines et les expositions.
  • Pratique historique et fonctionnelle : Certaines personnes croient encore que la coupe des oreilles est utile pour des raisons de santé, comme éviter les infections de l’oreille ou améliorer l’audition, bien que ces arguments ne soient pas soutenus par des preuves scientifiques fiables.
  • Protection et sécurité : Les partisans estiment aussi que la coupe des oreilles peut améliorer l’apparence intimidante du chien, ce qui pourrait, dans certains cas, décourager les intrus ou protéger les chiens dans des situations de danger.
Arguments contre la coupe des oreilles

De l’autre côté, les opposants à la coupe des oreilles soulignent plusieurs arguments :

  • Pratique douloureuse et risquée : La coupe des oreilles est une opération chirurgicale qui comporte des risques de complications, d’infections et de douleur. Les animaux n’ont pas le choix dans cette procédure, et il n’y a aucune justification médicale suffisante pour la réaliser.
  • Protéger les droits des animaux : De nombreux défenseurs des animaux estiment qu’il est immoral de modifier de façon non nécessaire l’apparence d’un animal juste pour répondre à des critères esthétiques ou à des traditions humaines.
  • Bien-être animal : Il existe une large prise de conscience croissante sur le bien-être des animaux, ce qui a conduit à la législation dans de nombreux pays interdisant cette pratique. L’orientation actuelle des vétérinaires et des experts en comportement animal se dirige vers la promotion du respect des animaux dans leur état naturel, sans modification corporelle injustifiée.

5. L’avenir de la coupe des oreilles chez le Dobermann

L’élevage de Dobermann avec des oreilles coupées est une pratique qui est de plus en plus remise en question à l’échelle mondiale. Avec la montée de la prise de conscience du bien-être animal et des régulations plus strictes, de nombreux pays interdisent désormais cette pratique.

Alors que la coupe des oreilles reste légale dans certains endroits, il est crucial que les éleveurs, les propriétaires de chiens et les législateurs poursuivent les efforts pour promouvoir des pratiques d’élevage éthiques et respectueuses. Le débat sur la coupe des oreilles doit être pris avec sérieux, en mettant en avant les besoins réels des animaux et en repensant les traditions élevées en fonction de la santé et du confort des chiens.

Ainsi, dans un monde de plus en plus soucieux du respect des droits des animaux, l’avenir de cette pratique semble de plus en plus compromis.

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