En Mongolie, le changement climatique devient une réalité

La Mongolie, avec ses vastes steppes et ses traditions pastorales séculaires, est l’une des régions du monde les plus vulnérables aux effets du changement climatique. En effet, les bergers mongols, qui vivent en symbiose avec la nature et dépendent de leur bétail pour leur subsistance, observent des transformations dramatiques dans leur environnement. Le réchauffement de la planète menace leur mode de vie ancestral, et dans les steppes mongoles, de nombreux bergers ont déjà commencé à tirer la sonnette d’alarme face à ces changements qui modifient profondément l’équilibre écologique de la région.

Les steppes de Mongolie : un mode de vie menacé

La Mongolie, pays enclavé d’Asie centrale, est connu pour ses immenses steppes où les bergers nomades ont pratiqué l’élevage depuis des siècles. Ces vastes étendues de terre, parsemées de tentes en toile, ou ger, sont le cœur battant de la culture mongole. L’élevage de moutons, de chèvres, de bovins, et de chameaux est au centre de la vie quotidienne des populations rurales. Cependant, ces changements climatiques affectent directement cette activité essentielle, menaçant la subsistance de milliers de familles.

Les bergers mongols sont particulièrement sensibles à deux phénomènes climatiques principaux : les températures extrêmes et les variations imprévisibles des précipitations.

Des températures extrêmes : le « dzud », un phénomène dévastateur

L’un des phénomènes les plus préoccupants en Mongolie est le phénomène du dzud. Il s’agit d’un hiver rigoureux et sec, souvent suivi d’un été chaud et sec, créant des conditions extrêmes pour le bétail. Ces hivers extrêmes, combinés à une pénurie de fourrage pour les animaux, entraînent une période de famine qui peut durer plusieurs mois. Le dzud est de plus en plus fréquent et intense en raison du réchauffement climatique.

Lors de ces hivers sévères, la neige qui tombe en grande quantité se transforme en glace, empêchant le bétail d’atteindre l’herbe sous-jacente. Cela cause une perte importante de bétail et rend la survie des animaux beaucoup plus difficile. Ce phénomène a de plus en plus d’impacts sur les bergers, avec des pertes massives de bétail et la destruction des moyens de subsistance de milliers de familles.

Des années de dzud successives peuvent détruire les troupeaux, un élément vital pour les familles nomades qui dépendent de leur bétail pour la nourriture, les vêtements et la vente. Le dzud de 2010-2011 a été l’un des plus graves, tuant plus de 8 millions d’animaux et affectant près d’un quart de la population du pays.

La montée des températures et la sécheresse : des changements imprévus

Outre les hivers rigoureux, les bergers observent une montée progressive des températures et une baisse des précipitations au fil des ans. Les étés sont de plus en plus chauds et secs, ce qui entraîne une réduction de l’herbe et des ressources en eau. La sécheresse s’installe de manière plus régulière, réduisant ainsi les possibilités de pâturage pour les troupeaux et menaçant la production de fourrage.

Les changements de température affectent également la biodiversité locale, modifiant les écosystèmes et la répartition des espèces animales. Des espèces végétales qui constituaient une part essentielle du régime alimentaire des animaux disparaissent, tandis que d’autres, moins nutritives, apparaissent.

Cette instabilité climatique oblige de nombreux bergers à modifier leur manière de gérer leur bétail et à rechercher des zones de pâturage plus vastes. Cependant, la réduction des espaces de pâturage et la destruction des terres agricoles compliquent encore plus leur situation.

Le cri d’alarme des bergers : un futur incertain

Face à cette situation, de nombreux bergers mongols lancent un cri d’alarme. Dans les villes, les populations se déplacent de plus en plus vers les zones urbaines en raison de la perte de leurs troupeaux, mais les régions rurales restent profondément affectées par les changements climatiques. Pour ceux qui restent, la situation devient de plus en plus difficile à gérer.

Tserenbald, un berger de la région de Khövsgöl, témoigne : « Nous avons perdu nos animaux à cause de la sécheresse et du froid extrême. Les herbes sont rares, l’eau se fait de plus en plus difficile à trouver, et notre vie devient chaque année un peu plus incertaine. » La migration des bergers devient alors un choix de plus en plus courant, mais cela signifie également la perte d’un mode de vie qui a traversé les âges.

Tseveen, une bergère d’une petite communauté nomade, partage également ses inquiétudes : « Je me sens impuissante face à cette situation. Nous vivons dans les montagnes depuis des générations, mais ces changements sont tellement rapides et imprévisibles. Nous ne savons pas comment faire face à cela. » Les jeunes générations sont particulièrement préoccupées, car elles voient leur avenir menacé par l’incapacité d’adapter les techniques de pâturage aux nouvelles réalités climatiques.

L’impact sur l’économie nationale

Le changement climatique en Mongolie n’affecte pas seulement les bergers, mais aussi l’ensemble de l’économie nationale. L’élevage représente une grande partie du PIB du pays, et les pertes massives de bétail entraînent des répercussions économiques considérables. Selon des études récentes, les pertes économiques liées aux changements climatiques dans le secteur de l’élevage pourraient atteindre des milliards de dollars chaque année. De plus, la situation des bergers mongols est souvent ignorée par les politiques publiques, qui peinent à mettre en place des solutions durables.

Des solutions à court terme mais un besoin d’action à long terme

Pour aider les bergers à faire face à la situation, des organisations internationales et des ONG ont lancé des projets d’assistance, comme la fourniture de forage pour les animaux ou l’installation de puits d’eau pour les communautés les plus touchées. De plus, des programmes d’aide visent à offrir des alternatives économiques aux bergers, comme la formation au tourisme durable ou au commerce des produits dérivés du bétail.

Cependant, ces mesures ne peuvent pas être suffisantes si le changement climatique continue à s’intensifier. Les politiques de lutte contre le réchauffement climatique et les efforts de conservation de la biodiversité sont plus que jamais nécessaires pour garantir un avenir aux bergers mongols. Il est essentiel d’intégrer les communautés locales dans les efforts de résilience climatique et de les aider à développer des stratégies d’adaptation sur le long terme.

Un appel à l’action mondiale

La situation des bergers mongols est le reflet d’un problème plus global : celui de l’impact du changement climatique sur les populations vulnérables dans le monde entier. Les steppes mongoles, si caractérisées par leurs paysages immenses et sauvages, sont en train de se transformer sous l’effet du réchauffement climatique, menaçant non seulement un mode de vie ancestral, mais aussi des écosystèmes fragiles.

Les bergers mongols ont, plus que jamais, besoin d’aide pour s’adapter à ces bouleversements. Il est crucial que la communauté internationale prenne conscience de cette urgence et mette en place des solutions pour soutenir ces populations, tout en adoptant des politiques de réduction des émissions et de protection de la biodiversité. La Mongolie et ses steppes ne sont que l’un des nombreux endroits sur Terre où les effets du changement climatique sont vécus de manière immédiate et tangible, et il est de notre responsabilité collective de répondre à cet appel d’urgence.

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