
Le 23 mars 2025, un triste constat a été fait au nord de Strasbourg : six buses (des rapaces diurnes appartenant à la famille des Accipitridés) ont été retrouvées mortes, probablement empoisonnées, en l’espace de deux mois. Cet événement a alerté les autorités locales et l’Office français de la biodiversité (OFB), qui a ouvert une enquête pour destruction d’espèce protégée, un crime sévèrement puni par la loi.
Les buses, qui sont des rapaces protégés en France, ont été retrouvées dans des conditions suspectes. L’empoisonnement semble avoir été délibéré, probablement en raison de l’utilisation d’appâts empoisonnés destinés à éliminer ces prédateurs, souvent perçus comme nuisibles dans certaines zones agricoles ou par certains éleveurs.
Un empoisonnement inquiétant : Des appâts ciblés ?
Selon les premières informations recueillies, les buses retrouvées empoisonnées pourraient avoir ingéré des appâts empoisonnés. Ces rapaces étant des charognards, ils se nourrissent principalement de petits mammifères, d’oiseaux ou d’insectes, et peuvent facilement ingérer des substances toxiques lorsqu’elles sont déposées sur leur territoire de chasse.
La Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) estime que ces six cas ne sont peut-être qu’une partie de l’iceberg. L’organisation pense que de nombreux autres rapaces pourraient avoir succombé aux mêmes appâts empoisonnés sans avoir été retrouvés. Les rapaces, et en particulier les buses variables, sont particulièrement vulnérables à ce genre de pratiques, car ils sont au sommet de la chaîne alimentaire et ont souvent tendance à se nourrir des carcasses d’animaux.
La réaction des autorités : Une enquête menée par l’OFB
L’OFB, l’agence nationale en charge de la préservation de la biodiversité en France, a immédiatement ouvert une enquête afin de déterminer les circonstances exactes de ces empoisonnements. L’enquête vise à identifier les responsables de cette pratique illégale, qui constitue une atteinte directe à la faune protégée du pays.
En vertu de la loi sur la biodiversité, la buse variable (et d’autres espèces de rapaces) est une espèce protégée en France. Leur empoisonnement est donc considéré comme un crime, punissable par des sanctions sévères, y compris des amendes et des peines de prison. Le fait de déposer des appâts empoisonnés dans la nature pour tuer des animaux protégés est un délit grave, car cela impacte non seulement les individus touchés mais aussi l’équilibre des écosystèmes locaux.
L’OFB travaille en étroite collaboration avec les autorités judiciaires et les forces de l’ordre pour mener l’enquête. Des prélèvements ont été effectués sur les carcasses des buses retrouvées mortes, et des analyses toxicologiques seront réalisées afin de confirmer la présence de poisons spécifiques.
Un phénomène récurrent : Les appâts empoisonnés
Malheureusement, ces empoisonnements ne sont pas un cas isolé. De nombreuses autres attaques similaires ont été signalées dans le passé dans plusieurs régions de France, en particulier dans des zones agricoles ou dans des régions où des éleveurs se sentent menacés par les rapaces, qui peuvent parfois s’attaquer aux petits animaux d’élevage, comme les lapins ou les volailles.
L’utilisation d’appâts empoisonnés est souvent perçue comme une solution rapide et illégale par certains individus, en particulier ceux qui cherchent à protéger leurs élevages. Cependant, ces pratiques sont non seulement destructrices pour la faune locale, mais elles peuvent également avoir des effets en cascade sur l’ensemble des écosystèmes, notamment en affectant d’autres animaux qui se nourrissent des proies empoisonnées.
La position de la Ligue pour la Protection des Oiseaux
La Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) a exprimé son indignation face à ce phénomène récurrent et a rappelé que les buses et autres rapaces sont des espèces protégées en France. L’association a également indiqué que les appâts empoisonnés peuvent avoir des conséquences dramatiques non seulement pour les rapaces mais également pour d’autres animaux sauvages qui pourraient être exposés à des substances toxiques, y compris des animaux non ciblés comme des chiens, des renards ou des renards.
En réponse à cette situation, la LPO a appelé à une mobilisation renforcée pour sensibiliser le public aux dangers de telles pratiques et soutenir des solutions plus responsables de gestion de la faune, tout en réaffirmant son engagement à lutter contre le braconnage et les actes de maltraitance envers les animaux.
Impact sur la biodiversité et nécessité d’une vigilance accrue
Cet incident souligne l’importance de la lutte contre le braconnage et les pratiques de gestion illégales qui mettent en péril la biodiversité. Les rapaces, comme les buses, jouent un rôle crucial dans le maintien de l’équilibre écologique en régulant les populations de petits mammifères et d’insectes. Leur élimination par empoisonnement ne se contente pas de nuire aux individus mais perturbe également les dynamiques écologiques locales, en privant de nombreuses autres espèces de prédateurs naturels.
Les autorités, l’OFB, et les organisations de protection de la faune soulignent la nécessité d’une vigilance accrue dans la surveillance des pratiques agricoles et rurales. Une coopération renforcée entre les autorités locales, les agriculteurs, les éleveurs et les naturalistes est essentielle pour garantir la protection de ces espèces emblématiques et prévenir de futures tragédies écologiques.
L’empoisonnement des six buses au nord de Strasbourg est un triste exemple d’une menace qui plane sur la faune protégée en France. L’enquête ouverte par l’OFB, ainsi que l’indignation exprimée par la LPO et d’autres organisations, souligne l’importance de prendre au sérieux la protection de ces espèces. Alors que les rapaces jouent un rôle essentiel dans les écosystèmes, la lutte contre l’empoisonnement illégal est plus que jamais une priorité pour assurer leur survie et préserver la biodiversité.